C’est une réalité bien inquiétante : en Belgique, une personne sur trois déclare ressentir un mal-être psychologique : anxiété, dépression, troubles du comportement,…

Si la Belgique peut se féliciter de figurer dans le haut du panier européen du point de vue de la satisfaction de ses habitants avec un score de 7,4 sur une échelle allant jusqu’à 10, d’autres indicateurs de bien-être révèlent une réalité nettement moins réjouissante.

C’est en tout cas le constat que dresse Sciensano, l’Institut de santé publique belge, sur base de son baromètre 2018*, relayé par Le Vif.

Lydia Gisle, chercheuse au sein de l’institution fédérale, explique : « Une moyenne peut cacher des inégalités. Nos résultats montrent que la satisfaction de vie, comme les autres indicateurs de bien-être subjectif d’ailleurs, est bien moins élevée parmi les femmes, les personnes d’âge actif, et les personnes désavantagées sur le plan socio-économique ».

Les personnes avouant éprouver un ‘mal-être’ évoquent trois réalités particulièrement significatives : 29% d’entre-elles indiquent se sentir constamment tendues et stressées, 23% disent manquer de sommeil suite à leur soucis et, enfin, 20% se sentent malheureuses et déprimées.

Autre résultat préoccupant de l’enquête, une personne sur dix confie souffrir d’un trouble mental lié à l’anxiété ou la dépression.

« Ces catégories plus vulnérables de la population doivent être la cible d’une attention particulière de la part des autorités publiques », pointe à juste titre Sciensano. « Le but étant d’améliorer leurs conditions d’existence, de diminuer les inégalités dont elles sont victimes et d’optimiser leurs chances d’accéder aux ressources nécessaires pour préserver leur santé. »

Du point de vue géographique, l’enquête révèle certaines disparités entre les régions. De fait, la Wallonie et Bruxelles sont plus impactées que la Flandre. « Seule une politique globale, prenant en compte les différents aspects socio-économiques du problème de la santé mentale, permettra d’encadrer au mieux les populations fragilisées et de leur donner de nouvelles perspectives », préconise Sciensano.

Autre chiffre troublant de l’enquête, les troubles psychiques n’épargnent pas non plus les enfants et les jeunes. Un enfant sur dix (âgé entre 2 et 18 ans) manifeste l’une ou l’autre difficulté d’ordre psychologique ou comportementale qui mériterait un accompagnement professionnel. Parmi celles-ci, les problèmes de troubles déficitaires de l’attention et l’hyperactivité sont les plus courants (12%), suivis des troubles relationnels (11%) et émotionnels (10%).

Si l’on recoupe ces données avec celles de la Mutualité Chrétienne (MC), on constate que le nombre d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes suivant une psychothérapie a augmenté de 50% en 5 ans. En 2018, 14.300 jeunes membres de la MC ont bénéficié d’un remboursement partiel pour une psychothérapie alors qu’on en comptait 9.800 en 2014.

Même tendance à la hausse en ce qui concerne les adultes. En 2018, ce ne sont pas moins de 28.000 membres de la MC qui ont bénéficié d’un remboursement pour au moins une séance de psychothérapie.

Dans une société en proie à la souffrance, les professionnels de santé mentale et les praticiens de la relation d’aide ont plus que jamais leur raison d’être. L’explosion de la demande envers ces intervenants (psychologues, psychiatres, psychanalystes, coaches,…) est en relation étroite avec les besoins croissants de la population en matière d’aide psychologique.

Identifier les problèmes psychologiques dès le plus jeune âge, à la crèche ou à l’école primaire, pour mieux réagir et mieux orienter nos enfants vers des soins spécialisés est un défi qui a toute son utilité. Impliquer les parents est tout aussi important. Ceci afin qu’ils puissent aussi exprimer ce qu’ils ressentent et puissent disposer d’un lieu d’écoute. Une démarche globale et systémique envers tous les parties concernées, en somme…

* Enquête de santé publique réalisée tous les 5 ans sur un échantillon de 10.000 personnes

(FvE – Source : Le Vif )