Si le moral des belges a été mis à rude épreuve lors du confinement, il y a fort à parier que le déconfinement apportera aussi son lot de difficultés.

Les états d’esprits face à la fin du lockdown et à la liberté retrouvée divergent. Ils dépendent essentiellement de la façon dont le confinement a été vécu.

Face à une situation nouvelle, notre capacité à apporter une réponse ou l’autre dépend essentiellement de nos ressources, explique Olivier Klein, chercheur en psychologie sociale et culturelle à l’ULB, dans les colonnes de L’Echo. Les réponses vont donc être multiples en fonction des individus.

La personnalité est un des facteurs qui va conditionner la réaction. « En fonction de son histoire personnelle, on peut vivre mieux ou moins bien la situation », souligne Olivier Klein. Autre facteur de taille : le tissu social. « Si votre soupape de sécurité craque, il est important que des proches puissent prendre le relais », pointe le chercheur. Enfin, on peut citer les moyens matériels et financiers. Le sentiment d’anxiété touche principalement les catégories les plus pauvres.

Si l’on regarde aux extrémités de la courbe du lockdown, deux groupes très spécifiques et distincts se profilent :

1. Les blessés/traumatisés du confinement

Les mesures de lockdown pèsent lourdement pour certains. On pense essentiellement à ceux qui ont traversé un deuil et qui n’ont pas été autorisé faire leurs adieux à leurs proches.

On pense également aux personnes seules et isolées, « La solitude est un des éléments les plus désastreux pour la santé mentale », épingle Olivier Klein.

Enfin, il y a les conditions parfois difficiles de cohabitation. Les tensions au sein du foyer peuvent s’exacerber voire, pire, mener à un ‘mal-être mental’.

On pense aussi au personnel soignant. Si nos héros ont tenu le choc pendant le pandémie, il est à craindre qu’ils pourraient, dans les semaines qui viennent, faire face à des symptômes tels que le stress post-traumatique, la dépression, l’anxiété…, épingle pour sa part le psychologue Christophe Leys, docteur en psychologie spécialisé dans les émotions.

2. Les heureux du confinement

A l’inverse, d’autres ont trouvé une forme de confort dans cette situation inédite. Ce sont ceux qui expriment que cette façon de vivre leur convient car elle les met à l’abri des agressions du quotidien.

De son côté, Christophe Leys cite de manière plus spécifique les personnes qui souffrent de burn-out. Ces personnes trouvent un certain réconfort dans le lockdown, explique-t-il : « Parce qu’elles sont très investies dans leur travail et culpabilisent de rester à la maison. Si leurs collègues restent aussi chez eux, elles déculpabilisent! »

Les personnes dépressives y trouvent aussi leur compte. Quand rester chez soi à ne rien faire devient la norme, elles se rassurent. Le fait d’être entourées de leur proches (conjoint, enfants,…) peut être aussi vécu comme un facteur de ‘mieux-être’.

Les confinés ‘zone de confort’ et les confinés ‘impatients’

Au milieu de la courbe, on trouve les confinés ‘zone de confort’. Des personnes qui ont trouvé un ‘équilibre à bas régime’ qui les satisfait, explique pour sa part, Jean-Daniel Remond, biologiste, psychologue et coach dans Seasonly. Mais aussi ceux que l’on peut qualifier de confinés ‘impatients’. Ce sont les personnes qui, à l’inverse, ne souhaitent qu’une seule chose : retourner au plus vite dans l’intensité de la vie.

Se préparer en douceur au ‘déconfinement mental’

Pendant plusieurs semaines, le confinement a contraint notre cerveau à se reprogrammer. La plupart d’entre nous a modulé son mode de vie. Conséquence de la diminution des stimulis extérieurs, le mécanisme de l’introspection a pris un place plus importante. D’autre part, un monde virtuel s’est installé, on se parle désormais via des écrans.

Dans le retour à la normale progressif qui s’annonce, le danger viendra de la difficulté à se replacer dans le monde réel. Autre enjeu de taille : préserver les changements qui se sont révélés positifs.

Le déconfinement est également synonyme de retour à l’exposition au monde extérieur. Mais ce monde est inconnu, incertain, voire insécurisant. A l’heure de la reprises des activités, les visages seront masqués. Preuve que la maladie est toujours tapie dans l’ombre. Il faudra pourtant bien se confronter à nouveau aux embouteillages et à la foule. Pour ces raisons, il est utile de préparer son cerveau à une nouvelle ‘programmation’, dès la semaine qui précède le déconfinement, conclut Jean-Daniel Remond.

(FvE – Sources : L’Echo / Seasonly)